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Les femmes, piliers de l’est du Congo 

Les femmes des provinces Sud et du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, sont des piliers. Piliers de leur famille, de leur communauté, d’une région martyrisée d’un pays où si peu de choses tiennent droit. Elles donnent la vie, élèvent leurs enfants, gèrent les petits et grands soucis du ménage, travaillent la terre, mènent des activités qui génèrent des revenus, étudient…

Ces piliers sont cependant fragilisés par les coups de boutoir qui leur sont portés, sapent leur assise et celle de la société.
Dans un contexte de pauvreté insigne, le manque d’accompagnement social et d’appui socio-économique condamnent une majorité de femmes de l’est du Congo à rester en permanence branchées sur l’épuisant mode “survie”.
Le Dr Denis Mukwege et d’autres acteurs moins médiatisés, lancent depuis deux décennies un cri d’alarme à propos de la propagation du fléau des violences sexuelles, dont les groupes armés congolais et étrangers usent comme d’une arme de guerre, et qui se répand à présent dans la population civile. 
Au-delà de ce terrible phénomène, les femmes de la région sont, dans leur ensemble, les premières victimes de l’état de délabrement du Congo, qui restreint leur droit fondamental à avoir accès à des soins de santé de qualité. 
En effet, les centres de santé sont en nombre insuffisants, souvent difficilement accessibles. Ils sont sous-équipés, en personnel, en matériel, en médicaments, comme le sont également quantités d’hôpitaux. La santé mentale reste une préoccupation secondaire, alors que les maux du corps et de l’esprit vont souvent de pair.
Les conséquences de cet état de fait sont dramatiques : faute d’avoir été traitées à temps, des pathologies graves se développent ; l’état psychologique et la situation socio-économique des femmes qui souffrent se dégradent, les rendant plus vulnérables encore.   


Centre de santé Bogamanda,
2022

Les femmes victimes de violences sexuelles subissent souvent une double peine et se retrouvent exclues de leur communauté. La médiation est un processus d’action important
qui permet d’engager la discussion et débloquer certaines situations familiales afin de mettre fin à l’ostracisme dont ces femmes sont victimes.


Collines de Kalehe,
2022

Dans l’est de la République Démocratique du Congo, les femmes qui travaillent au champ, gagnent en moyenne 1 USD par jour. Les habitants ne sont que trop conscients de la
situation précaire dans laquelle ils vivent et appellent de leurs voeux des changements que l’instabilité de la région empêchent d’advenir.


Collines de Kalehe,
2022

Le Sud-Kivu est riche de terres fertiles. Hélas, le travail aux champs est non seulement dur, peu rémunérateur et dangereux. Les femmes qui exploitent la terre se trouvent sous la menace permanente de milices armées congolaises et étrangères, voire de l’armée régulière congolaise (FARDC), qui se rendent coupables de viols.


Muganzo, Kabare,
2022

Sur la route du centre de santé Muganzo, une femme transporte le mukenzi, une cuve taillée dans le bois qui sert au brassage des bananes mûres pour produire la bière locale
kasiksi.


Centre de santé Muganzo, Kabare,
2022

L’entrée du centre de santé Muganzo affiche complet lors des journées consacrée aux consultations prénatales.


Centre de santé Bogamanda, Kalehe,
2022 
Selon l’organisation onusienne OCHA, les maladies respiratoires aiguës constituent la deuxième cause de mortalité et la deuxième affection la plus répandue dans le Sud-Kivu, après le paludisme. Les zones de forte prévalence de paludisme sont essentiellement des zones de conflits armés et d’accueil de déplacés. 


Centre de santé Muganzo, Kabare,
2022

L’infirmière-sage-femme écoute le cœur fœtal du bébé lors d’une consultation pré-natale. Une nouvelle maternité permettant aux femmes d’éviter « d’accoucher par terre » vient de voir le jour à Muganzo. Elle a été construite par les villageois en collaboration avec l’ONG Memisa et l’asbl Action d’Espoir. La communauté locale a réussi à mobiliser 5000 USD pour la construction, ce qui constitue une fortune pour les habitants. 


Centre de santé Muganzo, Kabare,
2022

Patiente en attente de consultation médicale. Selon une étude menée par REACH en 2020, la situation en matière de santé dans la province du Sud Kivu est caractérisée par un relativement bon accès physique à des structures de santé. Dans la majorité (76%) des localités évaluées, il est rapporté que la majorité de la population se rend dans une structure de santé (centre, clinique, hôpital, etc.) pour obtenir des soins. 


Centre de santé de Keshero, Goma,
2022

Si dans beaucoup de pays, la kinésithérapie est largement répandue, elle reste rare dans les soins du système public de santé en République démocratique du Congo. Ces rééducations sont pourtant primordiales et contribuent au bien-être des personnes. C’est un des services proposés au public du centre de santé médicalisé urbain de Keshero à Goma, à des tarifs accessibles au plus grand nombre. Hélène s’y rend trois fois par semaine avec son petit garçon trisomique Espoir, âgé de trois ans. “L’objectif est qu’il parvienne à marcher”, affirme Laetitia, la kinésithérapeute.  


Centre de santé Bogamanda,
2022

A une heure trente de route de Bukavu, l’asbl Mamas For Africa a mis en place un point d’accueil et une procédure médicale qui permet d’identifier les femmes qui nécessitent des soins gynécologiques délivrés sous forme médicamenteuses ou celles qui doivent être référées à l’hôpital de Panzi pour une intervention chirurgicale. 


Hôpital Général de Référence de Mubumbano,
2022

Deborah est une jeune médecin généraliste. Elle assiste à une opération pour parfaire sa formation dans le cadre d’un projet d’assistance chirurgicale mené par Médecins Sans Vacances. 


Hôpital Général de Référence de Mubumbano,
2022

Une femme est en attente d’une césarienne à l’hôpital général de référence de Mubumbano. 
En 2019, selon la Banque mondiale, le taux de fécondité (enfants vivants à la naissance) en RDC était parmi les plus élevés au monde avec 5,82 enfants par femme. 


Le long de la route vers Kavumu,
2022 

De nombreuses femmes transportent des sacs de charbon de bois trop lourds, qui constituent souvent leur unique source de revenus. La valeur d’un sac est d’environ 16 USD. A long terme le portage de charges lourdes provoque des troubles gynécologiques de type prolapsus (descente d’organes) en raison du relâchement ou de l’endommagement des structures corporelles (ligaments, muscles pelviens, tissus conjonctifs). 


Centre de Santé de Mugeri, Katana,
2022

Un psychologe du Centre d’Appui Médico-Psycho-Social (CAMPS) prend en charge Georgette qui est sur le point d’accoucher. Une bouteille d’eau lui est remise pour la mettre en confiance. Le soutien psychosocial qui lui est apporté, devrait lui permettre d’accoucher dans de bonnes conditions, malgré son état dépressif.  


Bagira, Bukavu,
2022

Dalia* vit seule avec ses deux enfants après avoir été abandonnée par son mari. Grâce au soutien (formation, aide matérielle, accompagnement) obtenu dans le cadre d’un programme de renforcement de la famille (PRF) mis en place par SOS Villages d’Enfants, elle a pu développer sa propre activité économique, lui permettant d’offrir la scolarité et les soins nécessaires à ses enfants. 
* Nom d’emprunt


REMERCIEMENTS
Maud Adam, Aline Bahati Cibambo, Emma Bangirahe, Vital Barholere, Adélaïde Blavier, Kathryn Brahy, Guy-Bernard Cadière, Marijke Ceyssens, Marie-Noël Cikuru, Martyne Cote, Caroline de Clercq, Véronique De Keyser, Cathleen de Kerchove, Christian Dengis, Clémence Denis, Isabelle Duvigneaud, Emilie de Liamchine, Anne Dechamps, Marie Devreux, Catherine Eeckhoudt, Rémi Fabbri, Julie Godfroid, Muriel Gonçalves, Jan Goossens, Stéphanie Grisard, Françoise Grolleau, Alexandra Guillot, Françoise Hocquet, Sophie Huguenet, Alexander Jacoby, Karlien Jolie, Guy Jungblut, Crispin Kashala, An Lavens, Hubert Leclercq, Ceara Legoff, Jan Leysen, Hervé Lisoir, Christophe Loyen, Yann Mai, Pilar Martinez, Olivier Matumaini, Alejandra Mejia, Nathalie Mignano, Sandrine Morreale, Romain Mukupi, Denis Mukwege, Herman Mukwege, Kabika Mukubwa, Caroline Nallet, Murhabazi Namegabe, Patrick Ndara Bakole, Robert Ndjangala, Delphine Noël, Sifa Ntamwenge, Sophie Omari, Blaise Ombeni, Léa Paccaud, Stéphanie Pécourt, Marc Pecsteen, Daniele Perissi, Lucie Plessis, Fabienne Richard, Michel Riche, Maud Salomé Ekila, Anna Salvati, Julie Simon, Valérie Vandersmissen, Olivier Vanderveeren, Henriette van Hofwegen, Lara Youssef.

Les personnels des associations et structures de santé du Kivu, les patientes et les patients